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Un rapport entre les Antilles et l’Écosse ?

Dernière mise à jour : 18 juin

À première vue, aucune. Et pourtant… j’en suis la preuve vivante.


Mon père, passionné depuis des années de généalogie – et plus particulièrement des origines antillaises de ma mère – s’est penché sur la question. Et, chose assez géniale : il m’a trouvé un arrière-arrière... grand-père écossais.


Peut-être est-ce de là que me vient ma passion pour l’Écosse. Cela m’a poussé à faire des recherches plus approfondies sur ce sujet.


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Quand l’Écosse rencontre les Antilles : une histoire coloniale méconnue


Tout commence en 1707, avec l’Acte d’Union entre l’Écosse et l’Angleterre. À partir de cette date, les Écossais peuvent participer librement à l’expansion coloniale britannique. Ils se lancent alors dans l’aventure impériale, notamment dans les Antilles, où les plantations de sucre, de tabac et de coton connaissent un immense essor.


Ces plantations, installées en Jamaïque, à la Barbade, à Saint-Kitts, à Grenade ou encore en Guyane britannique, reposent entièrement sur le travail forcé des esclaves africains. Les Écossais y jouent un rôle majeur, que ce soit comme planteurs, gérants, soldats, commerçants, médecins ou encore administrateurs. Dans cet article, voilà ce que j’ai découvert…


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Qui étaient ces Écossais des Antilles ?


Parmi les figures marquantes, on retrouve James Wedderburn, originaire de Dundee. Il fit fortune comme planteur en Jamaïque, possédant de nombreux esclaves. Son fils, Robert Wedderburn, né d’une femme esclave affranchie, deviendra un fervent militant abolitionniste à Londres.


Au-delà des rapports purement économiques, certains de ces Écossais sont tombés amoureux de femmes esclaves. Ils les ont affranchies et ont eu avec elles des enfants. C’est précisément de ces unions, souvent complexes et chargées d’histoire, que je tiens mes origines écossaises. Cette rencontre entre deux mondes, douloureuse mais porteuse d’espoir, illustre à quel point les liens entre l’Écosse et les Antilles sont plus profonds qu’on ne le croit.


Autre exemple : John Gladstone, également d’origine écossaise, qui accumula une immense richesse en Guyane britannique grâce à ses plantations. Il fut aussi l’un des plus gros bénéficiaires des compensations financières versées aux propriétaires d’esclaves lors de l’abolition de l’esclavage en 1833. Il est aussi le père du futur Premier ministre britannique William Gladstone.


Enfin, des commerçants comme Colin Campbell, ou encore des familles écossaises comme les Stirling, Oswald ou Spiers, ont toutes eu un rôle direct ou indirect dans le développement de l’économie esclavagiste des Antilles.


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Les ports écossais tournés vers les Caraïbes


Plusieurs ports écossais ont servi de point de départ vers les colonies. Le plus actif fut sans conteste Glasgow, qui devint un centre névralgique du commerce du tabac et du sucre. Ses puissants marchands, surnommés les Tobacco Lords, ont fait de la ville l’un des cœurs économiques de l’Empire colonial.


À proximité, Greenock, situé sur la rivière Clyde, jouait un rôle complémentaire avec ses raffineries de sucre et ses navires marchands.


Le port de Leith, à Édimbourg, bien que plus modeste, servait aussi de point de transit pour les passagers, les soldats ou les marchandises en partance vers les Antilles.


La ville de Dundee, quant à elle, bien qu’un peu en retrait du commerce direct avec les colonies, a vu naître plusieurs figures clés du système esclavagiste, comme James Wedderburn.


Enfin, Aberdeen, au nord-est, n’était pas un port sucrier majeur, mais elle a tout de même joué un rôle dans le réseau colonial. Des commerçants, des médecins formés à l’université d’Aberdeen, ainsi que des fonctionnaires coloniaux, sont partis depuis cette ville vers les Caraïbes. Elle faisait donc partie, elle aussi, de cette toile impériale.


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Une richesse bâtie sur l’invisible


L’Écosse a largement profité, parfois sans le dire, de l’économie esclavagiste. Des fortunes colossales ont été amassées grâce à l’exploitation des plantations antillaises. Ces richesses sont revenues en Écosse sous forme de terres, d’investissements, ou de dons à des institutions encore prestigieuses aujourd’hui (universités, musées, banques...).

Plusieurs familles nobles écossaises ont ainsi vu leur patrimoine se construire ou se renforcer à partir de cette économie fondée sur la souffrance et l’exploitation.



👉 Si comme moi vous souhaitez remonter vos origines écossaises ou retrouver la trace d’ancêtres partis aux Antilles, le site officiel Scotland's People propose des archives précieuses (naissances, mariages, décès, recensements...) accessibles en ligne.


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Conclusion : une histoire qui nous relie


Ce lien entre l’Écosse et les Antilles, longtemps passé sous silence, ressurgit peu à peu à travers les recherches historiques… et parfois à travers des histoires personnelles, comme la mienne.


Ce n’est plus seulement une histoire de colons et de commerce, mais une histoire humaine, faite d’exils, de rencontres, de violence et de mémoire. Une histoire qui, aujourd’hui encore, nous questionne et nous relie.


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Pour mieux comprendre les Antilles et leur histoire, vous pouvez consulter mon article dédié aux Antilles.


Rendez-vous sur mon guide complet de l’Écosse ici : Ecosse.



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